Le Vin du Glacier, c’est du vin! La preuve, c’est qu’un article lui est consacré dans le projet d’ordonnance cantonale sur la vigne et le vin (OVV) actuellement en discussion. Ancien président de la bourgeoisie de Grimentz et initiateur d’une hypothétique AOC Vin du Glacier, Clément Salamin est un homme heureux. «Nous sommes très satisfaits qu’il figure dans l’ordonnance, même si nous souhaiterions quelques modifications du projet en matière de normes à appliquer.» Et rien dans cette première mouture ne semble vraiment pouvoir entamer cette vision positive. Pourtant, contrairement à la demande initiale, il n’est pas question d’en faire une AOC… «Finalement, c’est très bien comme ça. Nous allons ainsi pouvoir établir nous-mêmes notre cahier des charges», rétorque Clément Salamin.

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Made in Anniviers
Tout est donc pour le mieux! Que nenni! Comme tout nouveau règlement, l’article 55 de l’OVV fait son lot de mécontents. Parmi eux, ceux qui usaient à tort de cette appellation – en français ou en allemand – pour désigner des vins qui n’avaient rien à voir avec le Glacier de la tradition anniviarde. Désormais, pour donner naissance à un Vin du Glacier, les vendanges et la vinification doivent avoir lieu dans le district de Sierre. Et dès le printemps suivant, le vin doit être élevé dans des fûts de mélèze, à l’intérieur de caves du val d’Anniviers, à une altitude minimale de 1200 mètres.

Les Anniviards sont, on le devine, très satisfaits de voir ainsi leur appellation ancestrale rigoureusement protégée. La suite est moins consensuelle puisque le texte interdit toute mise en bouteille en vue d’une commercialisation. Clément Salamin s’en réjouit: «C’était une condition pour nous. Nous voulons lier la tradition du Glacier au tourisme, faire venir les gens dans la vallée pour le déguster. » Ce n’est pas le cas de Michel Savioz, vigneron-encaveur à Veyras, qui est à notre connaissance le seul professionnel à proposer à la vente une bouteille de véritable Glacier. «Je vais probablement essayer de faire recours. Nous en vendons depuis plus de 50 ans. Ce n’est pas une grosse production, mais quelques privés en achètent et il est proposé dans l’un ou l’autre magasin. Ça contribue aussi à faire connaître le Vin du Glacier et la vallée d’Anniviers», estime-t-il. Et l’homme a des supporters même à Grimentz. «Une appellation confidentielle qui ne touche personne, c’est du nombrilisme », s’exclame Pascal Rouvinet, patron du «Marché villageois », un commerce de la station. «Beaucoup de clients, la plupart étrangers, nous demandent où en acheter. C’est normal puisque seule la visite de la cave bourgeoisiale, organisée une fois par semaine en saison, leur permet de goûter à ce vin.» Et le commerçant de Grimentz de poser une question pertinente: «Celui de Grimentz va-t-il garder son authenticité si toutes les dégustations sont faites au même tonneau?»

De la rèze en suffisance
D’autres points suscitent encore la discussion. Dans l’OVV, il est précisé que le Glacier est constitué de rèze ou d’un assemblage d’une majorité de rèze et de marsanne blanche (ermitage). Michel Savioz, qui utilise aussi du pinot gris (malvoisie), conteste: «La malvoisie lui apporte une belle structure. Le district de Sierre est un terroir où ce cépage réussit très bien. Et la rèze n’est pas plantée en quantités suffisantes! » Clément Salamin, lui, applaudit: «La rèze, c’est le cépage de tradition.Toutes les bourgeoisies en ont replanté. Cela ne posera pas de problème.» Par contre, il s’élève contre la durée minimale d’élevage, fixée à 5 ans par l’Ordonnance. «C’est trop peu. Peut-être faudra-t-il faire une différence et parler de vieux et jeune Vin du Glacier. Mais c’est à discuter», conclut-il.

Fin de l'article.

Ndlr.
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