jeudi 28 juin 2007
Marques de famille
Par Nicole, jeudi 28 juin 2007 à 20:14 :: Vie au village 1422 lectures

Aujourd'hui, c'est vite vu, si vous souhaitez conservez précieusement un objet et le retrouver en toute circonstance, vous lui apposez un autocollant, une marque de stylo indélébile ou au fer rouge, un numéro sur le châssis, voire même une puce électronique. D'autres méthodes? Faites-nous en part!
Dans l'ancien temps par contre, ce genre de gadgets n'existaient évidemment pas pour vous faciliter la vie... On ne pensait pas non plus à une individualisation personnelle des objets car le peu qui était à disposition était la plupart du temps propriété de toute une famille. C'est pourquoi on apposait sur ces derniers, vu leur utile préciosité, des marques par famille. Souvent aussi, on se les échangeait. Cette méthode permettait ainsi de retourner le bien, ou de le récupérer, sans se casser la tête. Mais jamais, Ô grands dieux jamais!, on les aurait marqués pour empêcher un vol. Y a-t-on seulement songé?
C'est ainsi que nos ancêtres (tant du côté paternel que maternel, vu que tout le monde vient du même village...) s'en allaient aux champs ou à la cave avec leurs outils respectifs dûment gravés - cliquez sur l'illustration pour l'agrandir.
- Rémy Salamin, grand-père du côté paternel, arborait fièrement son sigle " | . | "
- Du côté des Vouardoux, maternel donc, ce sont parmi la fraterie des variations de " Y " et de " V " qui s'enchevêtrent en variant selon les besoins, comme celle de l'oncle Jean qui est inscrit sous le sigle " V " muni d'une barre diagonale sur la partie remontante. L'utilise-t-il toujours? Nous ne manquerons pas de lui poser la question à l'occase!
Dans une publication sur Grimentz, à la page 96 précisément, de Bernard Crettaz (vous savez... notre fameux sociologue...), on retrouve la tabelle illustrée ci-dessous - d'ailleurs, si vous cliquez dessus, vous obtiendrez une image de meilleure qualité pour le détail - sur laquelle on est tout à fait en mesure de retrouver certains chefs de tribu et leur marque respective. Les anciens du village auront certainement vite fait de nous établir les filiations des ces marques entre l'un et l'autre tableau lorsqu'on les retrouve sous des prénoms différents. En tout cas, la récupération est logique.

Un (prè-)ancêtre, dont je ne vous dévoilerai pas l'identité sous peine de me faire trucider pour cette appellation usurpée avant l'âge..., un (prè-)ancêtre donc me racontait récemment que l'assemblée du village réunie, le chef du nouveau foyer fondé dans l'année inscrivait la marque qu'il s'était choisie sur un tableau noir afin de la valider officiellement. Si l'un de ces ancêtres était disparu, il en reprenait généralement la marque car cela facilitait la récupération des outils gravés.
Le détail qui tue dans l'histoire des marques: avez-vous observé qu'il n'y a jamais d'arrondi? Traits et points sont plus aisés à reproduire.
Dans les objets usuels des caves et sur les vieilleries qui décorent aujourd'hui les carnotzets, on voit bien ces marques. Et si vous en entendez parler pour la première fois, arrangez-vous pour vous faire inviter à boire l'apéro auprès d'autochtones, d'autant mieux si il/elle a un accent prononcé du village, en l'aiguillant du côté du tonneau (à la cave donc) afin de jeter un coup d'oeil, discret ou non, mais intéressé sur ces pièces
