Essentiels pour assurer l'hivernage des troupeaux, les foins sont une des tĂąches centrales de l'Ă©tĂ©. Une des plus pĂ©nibles aussi. L'herbe est coupĂ©e Ă  la faux. Etendue, retournĂ©e, mise en tas, elle sĂšche sur le prĂ© avant d'ĂȘtre transportĂ©e dans la grange.

La charge sera traßnée, portée sur les épaules ou fixée sur le dos d'un mulet.
La médiathÚque Valais regroupe les archives valaisannes et relate cet épisode en accompagnement d'une photo d'époque, mais celle qui vous est présentée - les foins à Sierre - est l'oeuvre du grand photographe Charles Krebser, valaisan par mariage qui a observé le Valais de l'entre-deux guerre avec attention à travers son objectif.

Peu de choses ont changĂ©, aujourd'hui, en y rĂ©flĂ©chissant bien. La montagne Ă©tant toujours aussi pentue, les foins demeurent une activitĂ© pĂ©rilleuse et Ă©prouvante. Cette annĂ©e de plus, les fenĂȘtres mĂ©tĂ©orologiques sont assez restreintes. Il faut donc louvoyer entre les nuages car des foins coupĂ©s, mis Ă  sĂ©cher et trempĂ©s par la pluie, non seulement ce n'est pas rĂ©utilisable, mais en plus c'est lourd Ă  soulever.

Si Ă  l'Ă©poque, faux et mulet Ă©taient de rigueur - costume traditionnel de lourds tissus pour les femmes, cela va de soi... - la faux demeure dans la plupart des cas aujourd'hui, mais le mulet a Ă©tĂ© remplacĂ© par des remorques ou des basco, tel celui de ClĂ©ment que l'immoblog a surpris Ă  faire le plein. Cette petite carriole rouge, trĂšs adaptĂ©e Ă  notre environnement pour les travaux des champs fait sa grande sortie des garages et on en voit partout dans les rues, ces derniers jours. Si le terme s'Ă©crit correctement? Impossible de le dire car une recherche sur Google ou sur WikipĂ©dia ne mĂšne qu'Ă  des consonnances plutĂŽt issues du Pays Basque et il n'y a bien que l'immoblog pour poser ça par Ă©crit. Nous nous en tiendrons donc Ă  cet orthographe, faute de mieux. Quoi qu'il en soit, avant de retomber mollement dans le dos de ce vĂ©hicule, le foin est entassĂ© dans de grandes bĂąches en chanvre qui forment une boule gigantesque et disproportionnĂ©e si l'homme qui transbahute dĂ©cide de placer cette balle sur sa tĂȘte.

La faux doit quant Ă  elle souvent ĂȘtre aiguisĂ©e pour assurer un travail efficace. C'est d'ailleurs exactement ce qu'est entrain de faire en ce moment, avec son bruit caractĂ©ristique de va et vient mĂ©tallique, le propriĂ©taire suisse allemand du Mazot qui se situe juste en face de notre lieu d'Ă©criture, le balcon. En effet, monsieur aime Ă  soigner ses extĂ©rieurs.

La campagne environnante est donc parsemĂ©e de lopins de champs bariolĂ©s au grĂ© des zones coupĂ©es et du foin qui y sĂšche. En action pour mener Ă  bout la lourde tĂąche, ce sont souvent les membres d'une famille Ă©quipĂ©s de grosses chaussures, fichu ou casquette sur la tĂȘte et le corps luisant de chaleur et de crĂšme solaire.

Des rencontres inopinĂ©es avec orvets et vipĂšres ont souvent lieu - c'est d'ailleurs peut-ĂȘtre l'une des raisons qui motive le port des chaussures de montagne... rempart infranchissable pour ces petites bestioles au demeurant fort sympathique, non?...

Les foins, c'est strictement rĂšglementĂ©, doivent ĂȘtre faits d'ici Ă  fin juillet. Plus tard dans la saison, on parle encore de regain, plus communĂ©ment "des regains", la deuxiĂšme coupe. Si nĂ©cessaire.

Des prÚs fauchés courts sont une condition sine qua non en montagne. Ceci afin d'éviter le glissement de la neige à la saison venue.