Jean Vouardoux
Par Nicole, dimanche 12 août 2007 à 05:41 :: Portraits locaux :: #178 :: rss ::

Qui d'entre vous ne s'est pas déjà posé la question, en route pour votre séjour à Grimentz depuis de nombreuses heures, comment diable s'appelle déjà le monsieur de... ou la maman de... etc. Et ce gentil commerçant qui vous accueille avec le même sourire bonhomme, combien a-t-il d'enfants, déjà ? Et puis... tu te rappelles, Loïc, le prénom de ton prof de ski de l'hiver dernier?
Honnêtement parfois, ce sont aussi les habitants du lieu qui cherchent désespérément à remettre un nom ou une filiation.
Attaquons donc notre rubrique avec une personne connue aussi bien du village que de ses hôtes, puisqu'il nous le fait découvrir chaque lundi. Pleins feux sur Jean Vouardoux.
Pour l'immoblog, Jean Vouardoux c'est surtout l'oncle Jean car de parenté directe sous cette forme du côté maternel. Impossible de lui ôter cette particule tant elle semble incrustée pour l'immoblog.
L'oncle Jean, donc, est né un beau jour de décembre 1932. Il est arrivé comme un cadeau 5 jours avant Noël en bon dixième (entre 1917 et 1932, il y a en effet eu Aurélia, Vital, René - grand-père maternel, Aurel, Rémy, Léon, Irène, 2x Elise et Jean). A Grimentz, bien sûr, pas à la clinique, ni à l'hôpital universitaire...
Originaire de St-Jean d'abord, la famille Vouardoux avait "reconnu" la bourgeoisie de Grimentz en 1908 et donc pleinement pris part à la vie du village, notion fondamentale dans la vie de l'oncle Jean. En 1960, les descendants des Vouardoux formaient, selon les marques de famille en vigueur à cette époque, la 3ème plus importante famille après les Salamin et les Epiney.

Le lendemain, sa jeune femme fraîchement installée à la maison, il a repris la route du barrage pour le travail.
Pas de voyage de noces, donc. Mais ceci ne les a pas empêchés de bien vivre et de fonder une famille digne de ce nom. Dans les années qui suivirent sont arrivés Louisa, Jacky, Christian, Patrice et Chantal.



C'est en 1993 que le bus des ouvriers cessa son - ce qu'on croyait pourtant être incessant - va-et-vient, puis vint le tour de Jean, première fournée d'une longue, bien longue série de victimes des remaniements économiques qui ont fait les choux gras de l'actualité valaisanne. Sa mise à la retraite anticipée 4 ans avant la fin logique de ses activités professionnelles a été vécue comme un sacrifice.
L'oncle Jean à Grimentz, on le croirait doué du don d'ubiquité.
Depuis toujours, il n'a de cesse d'investir son entrain pour la vie communautaire du lieu. Et pour cause! En 1950, il entrait au comité des sociétés, il a aussi fait partie du ski club entre 50 et 60, de la cible entre 60 et 69, du conseil de la bourgeoisie de 60 à 80, puis du tir de 64 à 87. Le chant l'occupe aussi depuis, tenez-vous bien, 1948! A côté, il restait même encore de la place pour la chapelle du Carovilla et la paroisse, bien sûr.
On est presque content d'arriver en fin de liste car on en perd le souffle.
Quand l'oncle Jean se prend à regretter la vie communautaire en ces termes, on conçoit aisément la réflexion au vu de sa propre implication quand on lui demande son avis sur l'évolution actuelle du village:
ça va trop loin. On se ruine et on ne garde plus rien pour les gens de l'endroit. On accapare le maximum et il n'y aura plus rien pour la suite. Dans 20 ans, les gens devront partir car la vie sera devenue trop chère. Nous (ndlr. les anciens) on n'arrive plus à suivre, on n'est plus dans la course et on est étonnés de voir toutes les constructions.A ces dires, s'ajoute une réflexion qui tourne autour de nos sociétés locales, piliers de la communauté et de la vie touristique, de leurs créations et de leurs problèmes de subsistance au jour d'aujourd'hui. C'est comme si notre vie communautaire roulait dans une belle voiture, soit, mais dont il manque la roue de secours.
Les gens sont aujourd'hui préoccupés par eux-mêmes et pas sentimentalement. Et comme il n'y a plus de religion, il n'y a plus de vie de village. On ne se retrouve plus comme à l'église, on ne se reconnaît donc plus. Dans les fêtes non plus. Le village n'est plus groupé, mais espacé et il est dommage de ne plus pouvoir se reconnaître. Il y a aussi plus d'étrangers.
A l'époque, se rappelle l'oncle Jean, les familles ne possédaient pas grand-chose, et surtout pas de beaucoup d'argent. La vie lui paraissait donc plus chère que maintenant, mais il y avait tant de solutions pour y remédier passant par la débrouillardise ou par l'entraide, par exemple.
Sa vie vouée à celle du village nous permet de bien concevoir le ton dubitatif de ses réflexions, mais elles n'entament en rien son énergie personnelle puisque Jean fait sans arrêt, et au grand dam de sa femme Denise qui aimerait bien qu'il se repose parfois, le chemin de la bourgeoisie. En 1994 déjà , il a repris la succession de René (un oncle aussi, le mari d'Aurélia, première soeur de Jean) en tant que caviste, concierge et guide. A ce titre, il a accueilli l'année dernière 1'200 personnes! Et plus de 800 déjà à l'heure qu'il est.
Vous imaginez maintenant l'oncle Jean devant la télé, les pieds étendus sur la table du salon, un cocktail à la main???? Pas nous!
Dernière question posée à Jean Vouardoux: quelle est la prochaine personnalité du village que l'immoblog se doit de présenter? La réponse a fusé, immédiate: Marie de Gilbert!
Commentaires
1. Le lundi 16 juin 2008 à 12:11, par marion
2. Le lundi 16 juin 2008 à 14:51, par Nicole
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Si ça joue, c'est quand même plus sympa... pas besoin d'attendre mon réveil tardif en cas de congé :-) Merci d'avance pour votre inestimable contribution!
Smilies ou binettes: débutez vos commentaire avec du texte, pas avec un smily. Ça fait gicler les retours à la ligne et je ne trouve pas la solution au problème.
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