Conséquence du moratoire imposé par l’Etat du Valais – le village anniviard faisant partie des sept «bannis» – plus aucune construction comportant des résidences touristiques de résidences secondaires n’est autorisé jusqu’au 31 décembre 2008. «René Schwery, le chef du Service de l’aménagement du territoire (SAT), n’était pas vraiment satisfait puisqu’il nous demandait d’appliquer cette mesure durant deux ans au minimum. Mais nous n’avions pas le choix puisqu’à cette date, ce sera la commune d’Anniviers qui prendra les choses en mains.» Si d’autres communes, comme celles de Crans-Montana ou d’Ayent, ont pu délimiter des zones, Grimentz s’est vu obliger d’appliquer le moratoire à l’ensemble de la commune. «Nous n’avons simplement qu’un seul village.»

Le président de la commune espère maintenant qu’avec ce moratoire communal, le SAT accepte le plan de quartier que la commune va déposer prochainement. La réalisation d’un projet hôtelier en dépend. «Les plans sont déjà à la commune. Nous n’attendons que l’homologation du plan de quartier pour mettre notre hôtel à l’enquête aux Guerneres», affirme le promoteur Thierry Dubuisson. Avec trois cents lits, le futur 4-étoiles«+» pourrait, dans le meilleur des cas, accueillir ses premiers clients dans deux ans. «Si nous ne pourrons pas réaliser le gros oeuvre durant l’hiver, ce délai pourrait être de trente mois.» La commune verrait par la même occasion la vente de son terrain pour 1,3 million de francs confirmée par cette mise à l’enquête. Comme les remontées mécaniques d’ailleurs.

Pour Thierry Dubuisson, le dossier n’a que trop traîné. «La décision cantonale d’instaurer le moratoire contre les lits froids a clairement bloqué notre projet de lits chauds.» Un point de vue avancé par de nombreux opposants à cette décision cantonale.

Depuis quelques semaines, les mises à l’enquête se succèdent à un rythme effréné auprès du bureau communal. «Je pense qu’il y en a au moins une trentaine en attente», confirme le président Gabriel Solioz. Les promoteurs locaux ne sont pas étrangers à cette augmentation. «On fait ce qu’on peut pour sauver notre futur », s’emporte François Genoud. «Personne ne nous a demandé pour établir un moratoire, alors on met à l’enquête pour anticiper. Nous faisons simplement ce que nous estimons juste.» Rémy Vouardoux, lui, met à l’enquête en fonction de la demande. «On pourrait bien proposer des ventes avec une obligation de location, mais ce marché n’est pas très grand dans une station comme la nôtre.» Et faire des appartements pour les gens qui travaillent au village et qui ne trouvent pas à se loger? «Ce n’est pas aux promoteurs de faire des immeubles exclusivement pour eux. La commune peut le faire comme à Chandolin.» Cet afflux de mises à l’enquête a aussi un effet sur la surchauffe de la branche de la construction. «Ce n’est pas la faute des promoteurs, mais celle du moratoire… », conclut François Genoud. A se demander qui sont les loups et les agneaux dans cette histoire…