«Une affaire de famille…» Augustin Salamin prend un raccourci lorsqu’on sonde sa passion pour la course à pied. Chemin sans détour, le jeune Anniviard de 17 ans ne va pas trahir la famille. Papa Albert courait, le fiston ne ralentirait pas le pas. Simplicité montagnarde. Quand ça monte ou ça descend, tu cours! Et puis c’est tout! Ses cimes et ses chemins anniviards, Augustin, il les aime. La course chez lui n’est pas transportée sur une piste, un stade ou une ligne droite bitumée. Il la veut verticale, sinueuse, emplie de senteurs forestières, là où «tu entends les oiseaux chanter, où tu es dans la nature». Sa foulée l’a emporté très tôt. Rapt athlétique à 7 ans. Augustin ne s’en tirerait pas. La course sortirait une nouvelle fois triomphante chez les Salamin. Ou quand un écolier veut courir plus vite que son voisin de banc... «Lors des courses organisées à l’école, j’étais tout de suite dans les meilleurs. C’est comme ça que ça a débuté. Puis à 10 ans, j’ai commencé à m’entraîner.» En 2000, il participe à Chandolin-Zinal, le Sierre-Zinal de la culotte courte. Avec la famille. «J’ai trois frères et une soeur. Les garçons, on courait souvent ensemble. Je suis le deuxième. J’ai très vite battu mon grand frère. La course, il s’en fichait un peu plus que moi… Mon petit frère, Jean-Baptiste, qui a trois ans de moins que moi, court aussi vite. Mais il peine à aller s’entraîner seul depuis que je ne suis plus à Grimentz.» Apprenti boulanger-pâtissier à Sion, Augustin a dû se résigner à la désalpe.

Quand Augustin rencontre Augustin
La descente en plaine conduirait à une rencontre. Celle d’Augustin d’Anniviers et... d’Augustin d’Anniviers. «Quand j’ai commencé mon apprentissage à Sion, mon père s’est approché d’Augustin Genoud. Depuis, je m’entraîne avec lui au sein du club 13-Etoiles.On se voit au moins deux fois par semaine.Cette année, il m’a aussi préparé un plan d’entraînement spécifique.» Et c’est ainsi qu’Augustin l’entraîneur a pris avec plaisir l’enfant de la vallée sous sa protection. Encore un Salamin sur les chemins, le coach savait à qui il aurait affaire. «Je suis aussi un Anniviard. C’est une famille que je connais bien. Ils sont toujours en train de courir, pour aller aux champignons ou à la chasse. Les frères d’Albert (le père), Armand, Aurèle et Marcellin ont gagné la première Patrouille des glaciers moderne en 1984.» Augustin ne briserait pas la filiation, lui aussi crapahuterait la montagne. Jeunesse fougueuse, il aurait déjà atteint Zinal sur le mythe anniviard sans le frein imposé par son entraîneur. «C’est un jeune plein d’énergie mais le but ce n’est pas de l’amener au top de sa forme à 17 ans mais à 25 ans. Il ne faut pas le bousculer. Mais il écoute. C’est un jeune sain.» détaille Augustin Genoud.

Le pain quotidien
Attentif aux conseils de son mentor, le jeune Augustin a compris qu’une accélération prématurée pourrait laisser des traces au corps. «Je ne ferai pas Sierre-Zinal avant mes 22 ans. Il ne faut pas se griller trop vite. Actuellement, je m’entraîne quatre fois par semaine.» Son apprentissage de boulanger-pâtissier ne vient pas court-circuiter son planning de coureur. Les horaires spécifiques à sa profession sont même un avantage. «Je peux m’entraîner l’après-midi. Et mon patron est compréhensif, il me donne facilement des congés pour mes compétitions.» Une fois le métier acquis, Augustin Salamin retournera dans sa vallée, pour travailler dans l’entreprise familiale. «Mon père est boulanger. Il m’a toujours dit que si je voulais rester dans la vallée, je devrais trouver un métier pour...» Une affaire de famille... La montagne le reprendra.

PORTRAIT Augustin Salamin
NĂ© le 3 juillet 1990
Origine: Grimentz
Domicile: Sion
Profession: Apprenti boulanger-pâtissier
Parcours sportif:
10e aux championnats d’Europe juniors de la montagne 2007 (Cauterets/France)
3e aux championnats de Suisse juniors de la montagne 2007 (Crans-Montana)

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