Le dernier souvenir en mémoire des grimentzards remonte à 1999 lorsque le torrent a rugi et piqué deux énormes crises de colère. Sur le moment, 2 hommes en ont réchappé de justesse, de même que 2 enfants restées prisonnières dans leur murs. Le St-Grégoire qui, pour vous peut-être, orne la façade de la maison située sur le côté du moulin [ici détruit et dont la grange attenante n'existe plus] en bordure de la place de la Claire-Fontaine est là pour l'attester [dans le dos du bonhomme bleu sur la photo]. Il a sa fonction, bien précise. Celle de rappeler et de protéger. Et ce St-Grégoire a été soigneusement placé dans son antre bien avant 1999.

Dans notre vallée, ce sont des villages entiers qui ont disparu à l'image de ce véhicule, si le souvenir de nos lectures de textes anciens est exact. A Morasse, par exemple. Ce nom évoque aujourd'hui presque exclusivement une grande forêt et un axe de liaison entre Grimentz et Ayer / Zinal sur le bord duquel ne subsiste qu'une chapelle. L'imaginez-vous entourée de chaumières? La localité se prénommait Morachyz.

Quant à Zinal, le village n'existe véritablement que depuis l'avènement du tourisme de montagne et son occupation permanente dates des années 60 seulement, les cabines du téléphérique ayant été montées sur leurs pylônes en 1968. Auparavant, ce plat encerclé de 4'000 n'était que "mayens", dépendances de plusieurs communes d'Anniviers.

Mais pourquoi donc nos ancêtres n'avaient-ils jamais occupé cette région comme aujourd'hui? Plus certainement pour des raisons de survie car, à 1680 mètres d'altitude, on y fait tout juste planter des choux. Et encore, pas de quoi vivre correctement. C'est tout juste si les occupants s'étaient regroupés en consortage afin de, avec l'aide toute puissante de l'Eglise alors, fonder une école pour occuper dignement les enfants le temps d'un petit mois ou deux d'occupation des lieux.

Ce village est aujourd'hui régulièrement coupé d'accès au reste du monde durant le plus gros de l'hiver pour cause de danger d'avalanche. Souvent le temps d'une nuit, parfois plus. Les digues qui en bordent les routes ne manquent d'ailleurs pas d'impressionner dès le pont de Mottec franchi et le tunnel, dans la région des Morasses justement, a été renforcé à souhait. C'est peut-être grâce à la notoriété de ces dangers naturels que la région n'a pas connu de gros drame comme tel fut le cas ce fameux hiver de 99 qui a coûté la vie a près d'une dizaine de personnes dans la vallée d'à-côté, le Val d'Hérens entre les villages d'Evolène et des Haudères, et coupé le village de Loèche-les-Bains du reste du monde pendant près d'une semaine avec la conséquence que l'on sait: l'avalanche qui a tout de même fini par s'écrouler sur les résidences du bas du village. Pour la provoquer, un bête camion de ravitaillement car on excluait déjà tout hélicoptère. Il est passé in extremis, mais n'a plus pu redescendre ce jour-là. Le souvenir marquant des pans de neige qui ont bordé la route après sa réouverture durant les semaines qui ont suivi... D'ailleurs à Zinal il y a quelques années (était-ce aussi après LEUR avalanche?), les journalistes ont afflué par la voie des airs au bout de quelques jours de réclusion et certains des habitants n'ont pas manqué de s'offusquer car ils auraient plutôt préféré obtenir quelques médicaments d'urgence que de passer aux nouvelles!

Alors, Zinal construit de beaucoup de pièces sur des bases touristiques, n'est-ce pas tenter dieu et le diable avec ses magnifiques parois environnantes?

Dans un reportage d'une émission d'actualité du dimanche soir, Mise au point, Zinal et Gondo [village du contrebas du col du Simplon dévasté par un éboulement cette même année 1999 et qui a perdu 13 vies en un instant], ces 2 régions ont donc servi d'illustrations à une thématique sur le réchauffement de la planète. C'est ici.

Mais aujourd'hui, la météo n'a pas perdu son temps. Le ciel nous a déposé une petite 40aine de centimètres à vue de nez et quasi autant en haut qu'au village. Les cabanons de Fééries sont posés, c'est fait, et les traxs et autres chasse-neige ont encore leurs gyrophares allumés. Tant et si bien que nous risquons à nouveau la crue ce printemps, si cela continue...

Au premier rayon de soleil, l'immoblog vous poste une photo, mais pour l'instant on est bien content de ne plus pouvoir lire le prix de l'essence en face. Na!

Sans vouloir se la jouer nostalgique, on ne résiste pourtant pas à une si belle tempête.

L'explication sur les effets du réchauffement climatique à Zinal .