Le Conseil fédéral a été jusqu'au glacier en compagnie de l'éminent professeur Marthaler pour parler géologie. Le professeur Marthaler est un habitué de Grimentz.

Alors que notre seigneurie trottinait en suivant le sieur Couchepin, puis reprenait son souffle en compagnie des autorités de notre vallée, le village s'animait, les géraniums encore tout frippés. La place de l'église encore vide était traversée d'âmes curieuses, des notes vigoureuses s'échappaient de l'autel, des journalistes aux imposants équipements [rien à voir avec l'équipement light de l'immoblog] cherchaient l'endroit propice et des types en oreillette sillonnaient le village dans tous les sens à la recherche du moindre danger puis se placèrent en un savant quadrillage. Nos géraniums n'ont jamais été aussi bien protégés, nos balcons jamais si bien observés. Même les toilettes de la Bourgeoisie ont dûment été inspectés, apprendrons-nous plus tard autour d'un verre tout droit sorti du tonneau de l'évêque.

C'est donc Pascal Couchepin, président de la Confédération 2008, qui organisait l'excursion, orchestrée par notre vice-président Jean-Pierre. Aux journalistes plus tard, il explique connaître Grimentz. Il a ici certains souvenirs. En outre, il trouve notre village très beau et après Isérables ou Savièse, diversité de notre région oblige, il a souhaité venir ici pour une rencontre festive. Sachant de plus que Pascal Couchepin recèle dans son équipe un conseiller anniviard en la personne de Stéphane Decoutère...

A son arrivée du barrage en éclaireur - nous apercevions le miroitement des véhicules du convoi présidentiel qui longeait la face du Scex de Marenda - le mouvement s'est accéléré. Acteurs et observateurs sont définitivement sortis de leur léthargie. Chacun a pris place. Et soudain la police, puis les véhicules confédéraux. Le grand Couchepin est le premier qu'on aperçoit, puis l'oeil grimentzard vise à côté de lui le président de la Bourgeoisie, Jacky Vouardoux, et de l'autre côté du véhicule Hans-Rudolph Merz. Sympa, la descente, sûr que Jacky se rappellera longtemps de l'avoir effectuée en si bonne compagnie.

Suivent ensuite les autres Conseillers fédéraux, ainsi que l'essentiel des Conseillers communaux de notre vallée. La place de la Scierie sur laquelle patientait l'immoblog est soudain envahie, un premier moment d'émotion, l'effervescence. Puis tout le monde se met en marche en direction du centre du village dans la joie et la bonne humeur. Il y a beaucoup de sourires, une grande fierté dans les regards. Un bout d'histoire s'écrit. Soudain, dans la quiétude et le souffle suspendu de nos rues, l'écho des voix et des rires contre les façades de bois des maisons brûlées par des siècles de soleil, renvoie une impression de Ballenberg tant tout paraît propre, net, distinct comme un décor de théâtre.

La place de l'église sous le soleil, les retrouvailles avec le gouvernement valaisan [Rey-Bellet, Cina, Roch, Burgener and co] le concert magnifique donné par le Trio Nota Bene - Dvoràk, Frank Martin, Rachmaninov, Lionel Monnet (le pianiste), Bloch, Piazzolla - des interprétations époustouflantes qui vous font chavirer le coeur. Le Conseil fédéral s'extirpe ensuite en rang tout à fait désordonné de l'église pour se faire accueillir puis guider par les fifres et tambours du village jusqu'à la place de la Cure. Là, on se permet un remake de la photo présidentielle 2008 officielle. Mais avec notre soleil, c'est mieux! [v. galerie]

Le Conseil fédéral en toute simplicité, c'est pas un gag. La place de la Cure hébergeait sur ses terres un énième apéro - 250 personnes au bas mot, comme ils se déroulent à leur habitude, les gardes aux oreillettes en moins et faisant preuve d'une retenue exemplaire face au bon verre qui aurait pu les attendre. Mais, ce ne fut que partie remise.

L'occasion nous était donnée de nous adresser directement à nos édiles. L'immoblog en a donc profité pour demander à Doris Leuthard si, charmante comme elle l'était, elle se faisait parfois draguer lors de négociations bilatérales. Sourire. Madame Leuthard, dans une formule très confédérale [voulait-elle se donner le temps de cacher une émotion passagère?] a fini par avouer que l'arme pouvait aussi être utilisée à escient calculé. Micheline Calmy-Rey, dans une formule tout aussi confédérale, a conclu d'un réaliste on continue en tout cas! à savoir s'il sera un jour possible de libérer tous les otages - politiques et civils - des FARC. Pénétrer dans le coeur d'un Conseiller fédéral et connaître ses moments de découragement éventuel tient du voyeurisme et personne ne se livre de cette manière, surtout à un apéro. Mais face à la virulence de son ex-parti, Madame Widmer-Schlumpf affirme opposer une résistance de montagnarde: elle s'accroche! C'est cette nature qui fait d'elle une personne très à l'aise dans notre région. Elle l'a connaît d'ailleurs un peu pour y avoir passer des vacances. On lui rendra la pareille, on ira une fois la voir chez elle.

Importuné par une journaliste suisse-allemande, Samuel Schmid s'est éloigné quelques instants. Nous n'avons plus eu l'occasion de l'approcher. Pas grave. On s'en fichait, on était encore sous le charme. Celui de Hans-Rudolph Merz car Hans-Rudolph Merz a été le coup de foudre de ma journée!

Cet homme ne possède de toute évidence pas les atouts de sa cadette Doris, mais il est l'être le plus charmant et ouvert qui soit. A l'instant précis où je tentais une question très très intelligente [si, je vous assure] à propos du secret bancaire suisse et de l'attitude américaine à notre égard, il cherchait à me situer. A l'indigène, il s'est avoué très surpris par le village si pittoresque qu'il venait de découvrir. Il salue notre commune pour le maintien de son cachet. Des vacances ici? Pas exclu [la manie des réponses confédérales sévit encore], mais il a déjà abordé notre vallée par le haut. Sa femme et lui sont un jour partis d'Hérisau pour attaquer le tour de Suisse. C'est ainsi qu'il connaissait déjà notre barrage et son glacier. Avant de revenir nous rendre visite, il souhaite achever son entreprise. Hans-Rudolph Merz, à mon grand regret, repartait déjà.

Entre-temps sur la place de la Cure, Romain succombait au sourire de Doris, Gérard tendait d'une main bien droite un stylo à une dame de gauche qui poursuivait ensuite discussion avec un ami de tribord, des hacheurs de chou affichaient une admiration sans borne à celle qui ne se laissera pas couper la tête, des jeunes filles tentaient le diable, des portes-paroles observaient en silence pendant que les 2 Micheline se retrouvaient.

Puis tout ce petit monde se sépara, les uns pour la cave de la Bourgeoisie, les autres partout ailleurs avec plein de souvenirs et un bon verre de vin. Filtrage serré à la cave - à l'entrée, pas au tonneau - un hélico s'en revient chercher nos sages, le joyeux carillon de notre clocher les accompagne dans leurs derniers pas et tout est fini. Il ne reste plus que nous. Et Jean-Pierre d'évoquer déjà ses premiers souvenirs pour la presse.


La galerie


Epilogue:
Finalement, les gorilles en oreillette ne sont pas si méchants. Il y en a qui ont rapidement disparu. On apprend que ceux-là travaillent sous les ordres de la Confédération. Les suisses allemands s'accrochent en effet à une réputation coriace de sérieux [on appelle cette peuplade pourtant adorée des casques à boulons], mais certains n'avaient pas terminé leur journée. Du coup, ils ont snobé la pause "cave de la bourgeoisie". Ceux qui sont restés sont bien de chez nous et, une fois leur tâche terminée, ils n'ont pas chipoté devant les grands tonneaux. On ne tergiverse pas face à leur demande pour une mise en boîte groupée, la photo. C'est inespéré, l'immoblog se lassait justement de son fond d'écran! :-D