Le scrutin proportionnel répartit les sièges proportionnellement aux listes en concurrence. Ensuite seulement, il place les candidats sur ces sièges. Il n’y a qu’un seul tour et chaque parti se verra attribuer le nombre de sièges en conséquence du pourcentage de vote (liste et candidats). Les sièges sont donc attribués proportionnellement au pourcentage accordé à chaque parti. Ajoutons encore à cela une notion de «quorum», soit un pourcentage minimum des suffrages à atteindre pour figurer au palmarès et le gratin peut partir au four.

Pas très clair? Pas très clair! De la théorie à la pratique:
Pour l’heure [dépôt des listes au 15 septembre], nous avons 3 partis et 17 candidats déclarés. Le 12 octobre prochain, nous devrons asseoir 9 conseillers dont 1 président autour de la table. Nous avons donc le parti corse, le parti sicilien et enfin le parti calabrais, tous 3 très méritoires et méritant sans doute chacun les 9 sièges. [Les noms sont d’emprunt, les véritables étant seuls, évidemment, connus de la rédaction].

On suppose que le parti corse est majoritaire, que les 2 autres ne le sont pas [on peut dire qu’ils ne parlent pas tout à fait la même langue] et que ces 2 se tiennent à peu de choses prêt. Chacun de ces partis dépose sa liste de candidats, liste nommée à leur effigie, corse, sicilienne ou calabraise.

Le jour du vote, un - au hasard - corse va voter, il prend la liste corse et la dépose telle quelle dans l’urne, c’est un tour de l’île de gagné pour la Corse et aucun membre de l’équipage ne passe à l’eau. Il donne des voix à chacun des candidats plus au parti selon le nombre de sièges en jeu. Il donne ainsi tous ses suffrages au même parti. Le corse, très fier de son identité, ne fait pas de quartier. Il a donc voté compact.

Le sicilien va voter. Lui est clairement affilié au parti de son île de rêve, mais il a des sympathies pour son copain d’apéro calabrais. Ou encore, son voisin corse et lui se rendent volontiers de petits services de temps à autre. Il est bien sympa aussi. Par contre, il est en rogne avec deux de ses co-insulaires. Qu’on appelle cela une mafia ou pas, libre à vous d’interpréter. Quel choix va-t-il donc décider, seul, face à l’urne?

Une chose de sûr, ses co-insulaires biffés en perdront la voix, mais pas les autres ni tout à fait le parti car il se sert bien sûr de la liste sicilienne pour inscrire tout ce petit monde. Son voisin corse, on l’ajoute! De même que son copain d’apéro calabrais parce qu’ensemble ils ne font santé qu’à la bière. Après avoir bien cogité, le sicilien panache ainsi sa liste et la dépose enfin dans l’urne. Au passage, les partis corse et calabrais auront récupéré le suffrage du sicilien en proportion des candidats ajoutés à la liste sicilienne, donc 1 chacun.

Le calabrais lui, contrairement aux apparences, c’est le moins méchant de toute l’équipe. Bien qu’il ne soit pas représentatif de sa peuplade, il aime tout le monde, c’est pourquoi il ne sait pour qui se décider. Du coup, sa neutralité de style suisse lui impose de se saisir d’une liste simplement blanche - un bulletin neutre - et d’inscrire les 9 candidats de son choix indépendamment de tout calcul politique ou de parti. Chacun des candidats inscrit aura donc sa voix [grave ou aiguë] et un suffrage par candidat à asseoir ira au parti. Non, on n’appelle pas cela une débandade, c’est un choix comme un autre. Il en faut pour ajouter un peu de piquant à l’histoire.

Bref, c’est toute la Méditerranée en ébullition. La situation étant nouvelle, personne n’a idée de ce qui ressortira vraiment des urnes. On peut bien supputer, mais le suspens est grand, très grand. De plus jusqu’ici, on a soigneusement omis de vous parler des sardes. Existent-ils seulement? Nous joueront-il un tour de dernière minute?

Vous savez maintenant tout jusqu’au vote. Ce qui se passe droit derrière est une autre histoire et le calcul est tordu. Digérez donc tranquillement ce premier acte qui relève de la stratégie politique. Ensuite seulement nous aborderons la question de la répartition des sièges face aux urnes.

Et lorsque vous aurez votre enveloppe réponse fraîchement livrée par votre facteur sous les yeux, nous ferons le tour des p’tits détails pratiques. Mais entre-temps...!



















Suffrage: après la soustraction des bulletins blancs et des bulletins nuls, les bulletins qui seront pris en compte pour le calcul du résultat.

NB. Toute allusion perçue n'importe où dans cette tentative d'explication n'est que purement fortuite et l'immoblog décline toute responsabilité face à vos imaginations enfiévrées. Na!


La fusion