Nous avions fait bombance à la table de l'étable. L'orage nous avait rattrapées et la montagne s'était muée en un monstre terrorisant. Mais nous étions à l'abri et la pluie qui frappait les vitres se reflétait dans nos verres de blanc. Pas de quoi faire peur à des indigènes, juste le sentiment exacerbé d'être bien au chaud à l'intérieur. C'est d'ailleurs le soleil qui miroitait dans nos cafés quelques instants plus tard. Le chemin du retour ne s'est ainsi pas effectué sans une petite pause buissonière. Un hasard qui tombait à pic car nous perçûmes du bruit derrière la porte.

A l'intérieur, une très forte odeur d'ammoniac nous assaillit, mais le décors n'était pas courant. A perte de vue dans une cave aux dimensions pourtant modestes, des fromages s'étalaient sur les tablards. Le bruit y était assourdissant. Dans une des allées, une machine tournait. Un homme plaçait à intervalle régulier des fromages entre 2 brosses, de manière à les "cirer". Il nous répondit dans un allemand aux intonations de la plus pure Teutonie qu'il répétait cette opération jour après jour. De l'autre côté des étalages lui passait des planches à fromages en rang de 3 un second homme, plus jeune, qui lui nous répondit en espagnol. L'immoblog étant suffisamment piplette s'en réjouit. C'est ainsi que nous apprenions que ce jeune homme nous venait tout droit de l'Urugay et que la température fraîche, très fraîche, de la pièce dans laquelle il officiait tout aussi régulièrement équivalait à celle que son pays vivait à peu près 1 ou 2 jours de l'année en hiver. Et peut-être même que de nuit. On les a quittés sur ces frissonantes considérations en songeant que nous allions bientôt devoir renfiler nos "peneux"-neige...

Quelques semaines plus tard, en effet, la neige avait déjà recouvert les sommets une fois ou l'autre. La température chute désormais drastiquement dès que le soleil disparaît. Il est temps de redescendre tout le monde au village. Bien que ça ait toujours été un jour particulier, la désalpe prend aujourd'hui des airs de fête et rallie beaucoup de curieux venu tout exprès pour la journée. Chaque petite place, chaque auvent, même les rebords de raccards sont alors assaillis dans le centre du village pour voir défiler les reines de l'alpage. Et le troupeau qui les suit fait trembler les murs de leurs sonnailles.

Une chose de certaine après cela, nos vieux chalets, c'est du garanti anti-sismique et le village n'est pas prêt de s'effondrer!



Tapez "désalpe" sur l'immoblog. On s'y retrouve pour les photos avec soleil et tout. Y a juste des candidats de tout bord en plus, cette année. ;-)