Pourquoi le Besso noir?
Par Nicole, samedi 1 novembre 2008 à 23:09 :: CuriositĂ© locale :: #661 :: rss ::

Etait-ce suffisant pour justifier tant de noirceur? Comme aucun ne se prétendait spécialiste de la question, l’immoblog est donc parti à la rencontre DU spécialiste pour obtenir d’autres réponses et essayer de comprendre le phénomène.
Michel Marthaler, éminent géologiste romand et familier de notre vallée [qui avait d’ailleurs accompagné notre Conseil fédéral au glacier au début juillet], a tenu palabre un soir d’août à Zinal, cet été. Saut de puce pour l’écouter, comprendre et même l’interroger.


- Briançonnaise [reste d’écorce ibérienne, l’Espagne et le Portugal d’aujourd’hui] en rose sur les cartes
- Piémontaise [ancienne croûte océanique jurassique et crétacée] en bleu sur les cartes
- Apulienne [microcontinent détaché de l’Afrique] en jaune sur les cartes

Il y a environ 60 millions d’année, un effet de subduction sonnait le glas de l’océan piémontais [Piémont = région nord de l’Italie aujourd’hui pour situer la moindre] face à l’Atlantique que s’élargissait [on s'éloigne aujourd'hui encore des américains et de leur continent, mais ceci est une autre histoire]. La plaque océanique qui servait de fond au défunt océan finissait ainsi de disparaître sous la plaque apulienne ou africaine dont les monts s’élevèrent, s’élevèrent… et entraînait avec elle la plaque ibérique. La plaque océanique est faite de roches sédimentaires plus grasses, noires et lourdes, moins indiquées pour la varappe.

C’est ainsi que le Besso et nos fonds de vallée, Zinal et Moiry que l’on discerne ci-dessus, observent un agencement piémontais qui s’étale des flancs Des Diablons, au Roc de la Vache, le vallon de Zinal, la Corne de Sorebois, la Garde De Bordon en effleurant le chapeau du Scex de Marenda pour continuer sa course du côté des Couronnes de Brionna, etc. bordé à l’aval d’un zeste ibérique et en amont par la plaque africaine si bizarrement échouée au milieu des Alpes.
Pour la petite histoire, c’est grâce à ce mouvement de subduction que nous avons pu, dans notre vallée, exploiter des mines de cuivre du côté de Zirouc ou de la Garde de Bordon puisque ce métal se trouve plutôt au fond des océans. Ci-dessous, le vallon de Zinal où l'on peut voir le Besso juste en-dessous de l'Obergabelhorn, indiqué sur le croquis.

Le Besso a ainsi les pieds englués dans la plaque sédimentaire océanique et la tête en Apulie africaine. Il est composé de gneiss vieux de 270 millions d’années, mais d’une plaque continentale tout de même plus compliquée que ça, selon Michel Marthaler, ce qui explique que sa roche est malgré tout plus sombre. De plus, il présente sa face nord à la vallée, une face par conséquent plus humide et soumise aux microbes et aux algues, ce qui l’assombrit encore.
Donc, moins haute altitude, très forte déclivité, superposition de plaques et type de roche, puis orientation. Si les tentatives d'approche présentées n'ont pas grand chose de scientifique, on a tout de même à peu près tous les ingrédients qui font du Besso une montagne à part, digne d’un mythe.
Unique.

PS. 3 nouvelles cartes topographiques au 25'000 sortent cet automne pour le Valais, au cas oĂą vous chercheriez encore les altitudes exactes des 5 4'000 qui bordent le Besso pour le concours du bon Anniviard.

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