A la grande époque de l'agriculture, toutes sortes de travaux étaient entrepris au mayen dont la traite quotidienne des vaches et la fabrication des tommes qui en découlent. La «tomme du mayen, y qu'ça d'vrai» vous affirmeront certains sans sourciller, la main sur le coeur, la salive au coin des lèvres...

Un mayen est une habitation de bois. On y pénètre par la cuisine, séparée d’une grande chambre à l’avant de la maison dans laquelle dormait toute la famille. Les parents dans un grand lit double avec un lit-tiroir à son pied, sorte de lit-gigogne qu’on tire la nuit venue pour y loger en rang de sardines une partie de la marmaille, et le reste de la maisonnée dans le/s lit/s voisin/s. La cuisine était tempérée par l’âtre et famille et voisins s’y retrouvaient pour les longues soirées à filer, broder ou tricoter et à se raconter des histoires. Surtout celles des revenants. J’ai des bouquins entiers sur la question si ça vous intéresse. Du temps où le mayen était une étape utilitaire indispensable à l’agriculture, seule une partie de la famille l’occupait, souvent la ou les plus âgées des filles, voir des tantes car elles pouvaient parfaitement assumer la charge pendant que les hommes, les mères de famille et les enfants s’occupaient ailleurs. On vous épargne à ce stade toutes les histoires véhiculées lors de leur séjour dans ces lieux si isolés, peut-être même les drames vécus par certaines demoiselles dont les cris n’atteignaient jamais le village lorsqu'on leur rendait, contre leur gré, visite.

Vers la fin des années 70, comme le suggèrent les vêtements portés par les protagonistes de la photo, les visites du dimanche au mayen chez Lucien étaient une sortie de famille qui réjouissait tout le monde. Au menu, sérac et patates écrasées, le tout arrosé de crème super fraîche, de sel et de poivre. Même moi qui n'aime pas les patates - suffit d'ajouter un peu plus de crème - j'avalais sans rouspéter ma pitance. Sur cette photo, on observe en arrière-plan la partie frontale de la maison, abritant sous son balcon qui débute à la porte de la cuisine le bois de feu à hauteur de cave.

La cave avec l’outillage et les denrées alimentaires se situe par définition sous la maison. Dans le conte du Boconett, on place le bouc dans une grange sous la maison, certainement à côté de la cave. La grange à foin et «les toilettes» se cachent outre-en-ça la chaumière.

Bref. C’est de cet endroit qu’un beau jour de juin, on prenait enfin la route pour amener le troupeau à l’alpage.

NB. Que le mayen ait pour nom «Singline» du côté de Zinal prouve tout l'amour que l'on éprouve pour sa région, joli clin d’oeil qui m'a bien fait rigoler et qui ne pénalisait évidemment personne au tirage au sort. Car telle furent certaines réponses retournée du concours. :-)

Construit en 1954, le barrage de Moiry a enfoui sous les eaux une plaine d’alpage. Comment s’appelait-elle?

Parlant d’alpage, la construction du barrage de Moiry entre 1954 et 1958 a noyé une vaste plaine dont il reste cette belle photo avec l’oncle Firmin aujourd'hui disparu, à la stature et aux traits si reconnaissables par-dessus son épaule, portant avec ses compères des seaux à lait, le bâton fièrement planté dans le c... :ok: Cet alpage avait pour nous «Châteaupré» que l'on retrouve parfois aussi sous l'apellation de «alpage de Torrent».

Une tzigière est un refuge d’alpage, un trou à mulot dans un pré ou une remise à outils des champs aux Toueilles, à Cuimey et à Pinsec?

C’est à cette altitude qu’on y trouve nos tzigières! Un trou à mulot étant un trou à mulot et une remise n’ayant d’appellation locale que bêtement remise [on vous infligeait tout de même pas d'en deviner le terme patoisan], la tzigière est donc bien un refuge d’alpage!

Contrairement à un chalet ou un mayen, une tzigière est une habitation de pierre avec un toit en dalles et des ouvertures triangulaires sous toit. Ce refuge a-t-il d’autre utilité que celui de la chasse? Aujourd’hui, elles sont en tout cas très prisées des gens du milieu et carrément bichonnées. Voici une petite galerie photos de celles situées du côté de l’alpage de Moiry, au-dessus du barrage, donc de l'antique plaine de Châteaupré. Les photos datent de l’été dernier.



Qu’il s’agisse de mayen ou de tzigière, la fantaisie architecturale n’est pas permise. Notre règlement est très strict pour leur mise en valeur et souvent sujet à discussions lors de nos assemblées primaires. Jusqu’à aujourd’hui pourtant, ce règlement différait d’une commune anniviarde à l’autre. St-Jean offrait tout de même un tantinet plus de libertés que Grimentz sur ce point, ai-je parfois entendu maugréer. Ceci ne devrait aujourd’hui plus avoir cours de manière flagrante, puisque nous sommes depuis hier entrés de plein pied dans l’ère anniviarde dans tous les sens du terme!