Ici, un consortage réunit des personnes dans le cadre de la gestion d'un alpage. En été sur cet alpage, les co-propriétaires - ou consorts - y amènent leurs vaches. Le consortage définit donc les droits et avoirs de chacun car avec les vaches se fait le fromage, mais il faut aussi payer les pâtres estivants etc. Une société qui se gère ainsi comme toute autre.

L'origine de ces sociétés remonte à une exploitation familiale des alpages. Puis, la descendance, nombreuse et diverse à travers les époques, imposa une organisation règlementée sous forme de droits ou de location de droits. Ce type de société était évidemment distinct des sociétés de village aujourd'hui remises au goût du jour ou de celles des bisses, voir des bourgeoisies.

Plus tard, l'évolution de notre économie, l'abandon de l'agriculture, puis le grand retour de la vache au début des années 70 [NON, ce n'est pas de moi dont il est question ici!!] proposa une formule révolutionnaire: les étables communautaires. Bernard Crettaz poursuit son explication [Le curé, le promoteur, la vache..., p. 95]:

Comme ce mot parut trop "socialisant", on adopta le mot d'étables en consortage. Il s'agissait de faire de grandes constructions pour trente à cinquante têtes de bétail. L'étable devait être confiée à un berger engagé comme un employé, rémunéré par un salaire fixe. Le foin, le regain et les aliments annexes étaient à la charge des propriétaires. Dans cette formule persistait la mémoire des anciennes communautés dans le bas de la vallée et dans les alpages, où la civilisation de la vache avait créé un vaste réseau d'associations.

Souvenez-vous en, vous avez déjà mis les pieds dans une étable communautaire!

A l'époque, les alpages en consortages étaient plus nombreux qu'aujourd'hui et occupaient de de belles plaines pour certaines maintenant disparues. Et il y en avait plus que ce que nous croyions.

Dans les années 50, les bas-fonds du barrage de Moiry comptaient 2 alpages en consortage: Torrent et Chateaupré. Contrairement à notre croyance qui laissait entendre qu'un même alpage s'appelait de 2 sortes, nous en avions 2. A droite du torrent se trouvait Châteaupré et à sa gauche... Torrent.

Si on remonte plus avant dans le temps, soit avant 1900, nous en avions 4!

Continuez votre balade le long du lit du... torrent, dépassez virtuellement le mur actuel du barrage, sautez par dessus le contour de la route au pied dudit barrage en direction de Morette [mur en patois] et vous traverserez - à votre droite - l'alpage de Pra et - à votre gauche - celui de Wouebé [orthographe phonétique].

Il existe une autre variante de consortage qui nous est importée de Grimisuat. Ces derniers possèdent en effet les plats de Bendolla [zone d'arrivée de la télécabine]. Certains consorts de cet alpage s'appellent en fait des "comprères". Non pas parce qu'il ne sont pas héritiers de soeurs féminines et héritiers de frères masculins, mais plutôt parce qu'ils sont les héritiers en ligne directe des membres fondateurs de cet alpage.

On ne vous demande pas de retenir cette spécificité micro-locale à l'examen, soyez donc rassuré/e/s.

Aujourd'hui, nos alpages et nos consortages existent bel et bien. Ils font partie intégrante de notre communauté et ont été le centre de bien des préoccupations politiques anniviardes, l'année dernière lors de la campagne pour la nouvelle commune. De plus, vous êtes nombreux à vous jeter dans les commerces locaux pour vous procurer un bout de fromage de l'alpage du Marais [ex. Le fromage de l'alpage et Pourquoi nos fromages sont si bons]. C'est ce dernier qui organise chaque année le boconett.

Voilà, en gros nous y sommes. Je prie toutes les personnes qui en savent encore plus sur la question de bien vouloir nous laisser un petit message et l'immoblog les en remercie d'avance!