Ce jeune bouquetin, vivant hier encore, pas une année au compteur et un magnifique pelage hivernal, n'avait plus que la peau sur les os. Peut-être aurait-il succombé là-haut. Plus sûrement ici bas. Les jeunes et les faibles paient un lourd tribu à l'hiver. La sélection naturelle est sans pitié. Si bien qu'ils envahissent les villages. Du pigne au fond de la vallée, chacun a ses visiteurs, nocturnes et diurnes. Sur vos terrasses, dans vos escaliers, aux coeurs même de nos vieux villages, dans les ruelles, au cimetière. Leur immobilité à notre approche étonne, mais jamais ces bêtes sauvages ne s'habitueront à une présence humaine de proximité. Elles ne s'enfuient pas car elles n'en ont pas la force. Et plusieurs terreurs de ce genre peuvent tout à fait les achever. Non seulement de faim et d'épuisement, elles peuvent donc mourir de stress, d'un arrêt cardiaque.

Si, comme l'immoblog, vous avez l'âme sensible, le seul moyen que nous ayiiions de les aider, pour autant que ce ne soit pas qu'un simple sursis, est de leur faire profiter de notre compost et de notre pain sec. Dans un coin de "verdure" tranquille, sur leur chemin aux alentours de votre habitat, donnez-leur vos pelures plutôt que de les jeter à la poubelle [un non-sens de toute manière]. Mais [ceci, j'ai oublié de demander mais je le pense] pas de viande pour ne pas attirer les charognards. Prendra prendra pas? Vous le ferez quoi qu'il en soit avec l'assentiment du garde-chasse, puisqu'il procède apparemment de la même manière. Mais surtout... BAS LES PATTES! Tenez-vous à l'écart.

Il vous faut par contre ouvrir clairement les yeux sur 2 points: les stations d'accueil pour animaux en difficulté n'existent que dans les comtes de fée. Ou à la télé [à la télé] et évidemment pas pour toute les espèces [on appelle cela une "société à 2 vitesses"]. Rappelez-vous aussi que nous vivons ici en pleine nature, pas dans des centres urbains ou le moindre petit animal de zoo fait la une des journaux. Chez nous, seul le loup et le gypaète ont éventuellement droit à un honneur médiatique de masse. De toute manière, jamais nous n'aurions l'infrastructure nécessaire pour tous les sauver. Et si par hasard notre garde-chasse devait abréger les souffrances de l'un d'eux, ça m'étonnerait qu'il ait les moyens d'y aller façon "euthanasie douce". Réveillez-vous! Ou optez pour des vos vacances à Disneyland.

Quelle est donc notre marge de manoeuvre dans ce monde cruel?

Si vous rencontrez une bête sauvage, en difficulté ou morte, gardez vos distances pour ne pas terroriser l'animal, voir l'achever [dans le 1er cas, bien sûr]. Sur place ou au village, appelez les autorités responsables afin de les informer et de baliser correctement la zone. Même mort, l'animal "intéresse" en effet notre garde-chasse, ne serait-ce que pour des fins statistiques.

Sachez aussi que le ski sauvage, entre autre celui qui part des sommets de Sorebois et traverse justement une réserve naturelle, est l'une des pire menaces pour nos bêtes épuisées. Tout autant que pour le skieur potentiellement pris au piège dans les dévaloirs.

Les autorités responsables peuvent être le numéro d'urgence du pays [144, mais plutôt le 112] qui déviera l'appel ou la police [117] qui en fera tout autant. Si vous êtes étranger, c'est de toute manière les seuls qui vous viendront à l'esprit. Mais si vous êtes familier avec la région, autant appeler directement le destinataire final de l'appel, soit le garde-chasse.

En Anniviers, notre garde-chasse est Joël Florey, de Vissoie, et son numéro de portable est le 079 355 39 20.

Le sort de notre petit bouquetin est, en ce Mercredi des Cendres, scellé.
Dans l'espoir que sa réincarnation lui offre un sort meilleur, la prochaine fois.

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Autres articles immoglobiens sur le thème animalier: Voyez aussi le commentaire [ou commentaire] d'un spécialiste ornithologique qui a suivi le reportage, hasard du calendrier avec nos évènements relatés, linké dans l'article ci-dessus.

Fouinez enfin sans relâche - mais sans ronger les câbles de votre souris! - sur le blog de Jean Bonnard qui traite plus en détail de la nature et de la chasse pour répondre à vos questions en suspens.

Un merci tout particulier à certains chasseurs du crû, mais surtout au garde-chasse, pour leurs réponses à nos questions.