En 1984 vous avez gagné la patrouille PDG avec vos deux frères, Marcellin et Armand. Comme s'est opérée la reconversion de ce sport de haut niveau?
J'ai eu la chance de reprendre avec mon épouse l'hôtel familial de Moiry à Grimentz tout en continuant à apprivoiser la montagne, soit par mon métier de guide soit par celui de professeur de ski. Je vis en permanence dans les grands espaces.

D'oĂą vous vient cette passion pour la montagne?
Ce virus pour la montagne je l'ai depuis mon enfance! Je connais parfaitement la faune et la nature. A force d'observation, j'ai vu des scènes alpines exceptionnelles. Il me manquait la technique pour prendre de bonnes images. J'ai donc suivi une formation de photographie animalière, d'abord sur support argentique, puis numérique avec toutes les connaissances informatiques requises.
La plupart des gens ignorent tout des mammifères qui ne s'approchent pas de l'homme.
Depuis plusieurs années, je tente de les montrer par la photographie. Il faut sans cesse nourrir les connaissances de la faune sauvage. Tous documents peuvent y contribuer.

Quel moyen photographique utilisez-vous?
Je travaille avec deux appareils Canon réflexes numériques équipés de téléobjectifs de 400 mm dont un zoom. Le matériel n'est qu'un support. Tout le reste est une affaire de patience, d'observation. Certaines photos ont nécessité dix à vingt heures d'attente, voire des nuits entières pour surprendre les animaux au lever du jour. Si j'ai la chance d'observer ces animaux sauvages, c'est grâce aux chasseurs qui régulent la faune car le val d'Anniviers est une véritable arche de Noé.

Quels animaux ont votre préférence et quelle est votre technique d'approche du gibier?
Pour l'instant, je m'intéresse aux grandes bêtes sauvages: bouquetin, cerf, chamois, chevreuil, renard, marmotte, dans leur biotope naturel. En automne quand les feuilles se parent des derniers ors et cuivres que la forêt dispense joyeusement avant l'hiver, je fais le guet à l'intérieur des vieux mélèzes et lorsqu'il n'y a pas d'arbre, j'utilise une couverture de camouflage. Il faut toujours être dans le vent favorable et ne plus bouger, laisser la nature se remettre en place et attendre. Rien n'est facile, surtout en hiver lorsqu'il faut braver les intempéries et les avalanches.

OĂą se situe votre terrain de chasse photographique?
Le val d'Anniviers est mon terrain de prédilection parce j'y vis et me déplace à pied d'une cime à l'autre. Le paradis de la faune c'est ici! Pour les bêtes sauvages, l'hiver est un temps d'épreuve, beaucoup hibernent dans la chaleur du sol, dans la mousse douillette. J'ai réalisé également quelques repérages dans d'autres régions mais suis toujours revenu sur mes terres.

Avec qui partagez-vous votre passion et que faites-vous de vos photos?
Toutes les chambres de mon hôtel sont décorées de mes photos que je change au gré des saisons. J'ai également édité un calendrier d'où sont extraites les illustrations de cette page. Ainsi, je transmets mes émotions par la photographie et je partage ma passion avec le public. Car je suis persuadé que la faune, celle des mammifères notamment, fait partie de notre patrimoine et contribue à ce que les Alpes offrent de plus beau à nos visiteurs. Les skieurs ont peu d'égard pour la faune et slaloment n'importe où, ne lui laissant aucune aire de repos. Je le déplore! Le ski sauvage est destructeur. Des zones refuges sont indispensables mais il faut les mettre en vigueur et s'en tenir.

A quoi pensez-vous durant les longues heures de veille?
Notre nature est fabuleuse! Je suis très croyant et sensible à sa beauté. Je ne cesse de rendre hommage au Créateur et le remercie chaque jour car je suis un privilégié. Durant les longues heures d'attente, je prie pour que ce miracle se perpétue."

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L'interview sur le net

  • Photo 1: un broccard qui nous fait la nique, presque un personnage de bande dessinĂ©e avec ces yeux si joliment expressifs
  • Photo 2: le brame du cerf, une puissante Ă©chine
  • Photo 3: un bouquetin, le profil d'un tombeur; un clin d'oeil qu'on serait mĂŞme pas surpris
N'oubliez pas nos recommandations pour aider nos animaux sauvages Ă  traverser au mieux cet hiver si rigoureux!