Le bruit fut immense, terrible. Il tira d'un seul coup les villageois de leur sommeil, les projetant Ă  leur balcon.

Il n'y avait plus d'électricité dans tout le secteur, c'est pourquoi il fut difficile de cerner la situation, à défaut de comprendre ce qui se produisait à nouveau. Dès cet instant, les habitants de la zone de catastrophe se rappellent de cette nuit-là comme d'une course poursuite, de l'effervescence, de l'affolement même, qui à la recherche d'une bougie pour s'éclairer ou d'une paire de bottes pour sortir prêter main forte aux pompiers.

Inutile de préciser que ces derniers étaient sur place, travaillant d'arrache-pied à la lampe frontale pour sécuriser le quartier, aux risques de leur vie, peut-être...

Très émue aujourd'hui encore, une résidente des abords du torrent raconte que le désespoir fut immense lorsque, sur le coup des 6 heures, le jour se levât et l'on vit l'étendue des dégâts!

Si l'événement du 12 mai à 19h30 a laissé une échancrure d'env. 2'400 m2 sous le tiers moyen de l'ouvrage, celui du 14 mai a emporté le quart central de la route et de l'enrochement libérant quelque 4'000 m3 de matériau qui ont produit un nouvel embâcle dans le torrent.

La recrudescence des précipitations intervenues au cours de la semaine 19 a déclenché un peu partout des glissements pelliculaires entre 1700 et 2500 m. Le glissement de la route Bendolla - La Freinze a d'ailleurs été réactivé.

(...) contrairement à ce que nous avons pensé sur le moment, cette première décompression de l'aquifère n'a pas suffit à vidanger l'aquifère puisque 30 heures plus tard un deuxième glissement emportait la route et l'enrochement sur une vingtaine de mètres.

L'enrochement, nous le savons, étant la cause directe de l'ampleur comme de la soudaineté du phénomène aux 2 phases successives de glissement, la rupture de la conduite d'eau ravitaillant l'alpage d'Avoin n'a pour sa part pas eu d'effet majeur sur l'événement.

Cette seconde bombe à retardement était-elle prévisible?

Des mesures immédiates furent prises dans les heures qui suivirent la première coulée. Qui en doutait. Surveillances visuelle et technologique n'auront pourtant pas suffi à imaginer la suite car aucun mouvement significatif n'avait pu alors être décelé. En surface, tout tendait plutôt à une amélioration.

Nous sommes en sécurité, désormais. L'enrochement a été remodelé, le torrent redimensionné. Il faut dire que la catastrophe du torrent date. 10 ans déjà!

Ces 2 coulées ne vont pas sans rappeler d'autres tragédies, dont les pertes furent autrement plus lourdes, mais dont la similitude par leur dualité nous laisse songeurs: les incendies de St-Luc. Ici comme en face, nous n'avons néanmoins et par bonheur aucune perte humaine à déplorer. Au moins ça! Tant d'autres n'auront pas eu cette chance.

Le souvenir de ces événements - et du purgatoire qui suivit - reste à jamais marqué au fer rouge dans nos mémoires et dans nos (coeur_brise) . Comme ces jours, le temps était alors maussade...