Une journée qui débute dans la plus grande insouciance, ne songeant à d'autre danger potentiel qu'un chassé-croisé mal négocié avec un automobiliste effrayé sur la route du barrage, puis, éventuellement, la prise de cornes avec l'une des reines de l'alpage [désolée, même pas le matériel adéquat].

Chapeau à large bord pour affronter le rude soleil d'altitude, t-shirts balisés comme s'il s'agissait d'hommes-sandwich, sponsorisés par les forces motrices de la Gougra [nom de la rivière qui s'écoule du Vallon de Moiry et afflue dans la Navisence, en-dessous de Mission], du papier à la main et pas de sac à dos, nos hydroguides ne passaient pas inaperçus au milieu d'une cohue pourtant digne d'un centre-ville sur le mur du barrage, dimanche dernier.

Ils interpelaient les grappes de montagnards en partance pour une grimpette, au mieux les familles munies d'une flopée de gosses.

La discussion s'engage alors de manière décontractée avec quelques questions d'ambiance qui permettent de cibler l'attitude générale des parents par rapport à la nature et plus précisément leur conscience des dangers potentiels des cours d'eau, notamment celui des crues. Monsieur s'intéresse assez vite à quelques données techniques tandis que Madame s'essaye à une représentation dramatisée de la situation à l'évocation de ce qui la guette, elle et sa petite famille.

Orages soudain en amont, éboulements, puis crues... vidanges programmées ou inopinées, ...

Lorsqu'il s'agit de vidanges programmées/ables, les forces motrices s'efforcent de les communiquer au mieux. Mais sait-on jamais ce qui peut bien se produire en cours de saison. C'est pourquoi une vidange est potentiellement toujours envisageable. Quant à l'orage de haute montagne, le triste exemple du Saxtenbach en 1999 reste à jamais gravé dans nos mémoires: un accident de canyoning coûtait la vie à 21 personnes. Un violent orage explose en amont, aucun effet perceptible vers l'aval, pas même un écho, jusqu'à l'arrivée trop soudaine de la vague qui balaie d'un seul coup les sportifs. On se rappelle tous cette terrible image, l'extraction des gorges abruptes d'un corps sans vie suspendu au filin de l'hélicoptère. On en rajoute?

En tout temps, en tout lieu, ceci peut se produire.

Voici est en substance le message de nos preux chevaliers des eaux, Guillaume Crettaz et Fabien Matter [ce jour-là, Patrick Genoud n'était pas de la partie]. A proximité d'un cours d'eau, il faut sans cesse être vigilant car il est difficile d'en réchapper. La mère de famille qui l'écoute à cet instant précis semble parfaitement le comprendre et les mômes à ses côtés ouvrent de bien grands yeux face aux images avant et pendant la crue, la cascade ou ce que vous voulez. Nos 2 jeunes hommes y vont tout de même avec quelques précautions, histoire de ne pas les faire partir en courant, et beaucoup de "conseils d'utilisation" en ajoutant à ce discours un zeste de concours pour gagner un vol en hélico.

Quand je pense aux heures qu'on n'a pas passé, petits, à jouer le long de la rivière à l'Ilôt Bosquet! La notion des choses n'était alors pas la même, dans l'ancien temps.

Entre 2 clans familiaux en vadrouille, Guillaume et Fabien m'expliquent qu'après avoir passé quelques heures de prévention au barrage environ 3 jours par semaine d'été, ils enfourchent leur vélo et redescendent vers le centre de la vallée en sautillant d'un lieu de pic-nique à l'autre: l'Ilôt Bosquet, puis le long de la Navizence vers le terrain de foot, etc. afin d'approcher un maximum de monde dans leur démarche. L'année dernière, ils ont eu la mauvaise surprise de tomber sur une mère de famille qui n'a pas - ne voulait pas - réalisé/er le danger qu'elle et ses enfants pouvaient à tout moment encourir sur les rochers. Elle se prélassait au soleil en bouquinant, ses enfants en contrebas. Cet épisode a marqué Guillaume, tandis que Fabien se remémore en frissonnant un groupe de scouts pas très organisé qui avait tout bonnement planté leur tente dans le lit [de rivière, of course] pour y passer la nuit!

Dieu merci, les parents rencontrés dimanche dernier ont tous entendu et compris le message. Des remerciements sincères s'échappaient du fond de leur gorge, poursuivant la discussion tout en entamant la traversée du mur.

Attention au soleil, couvrez-vous bien et hydratez-vous!, conclut même un papa au moment des au-revoirs, vous vous faites de la prévention pour l'eau, moi pour le soleil. Le rire amusé de nos 2 mercenaires mit la dernière touche à cet aimable entretien. L'apéro se précisait justement en compagnie de nos hydroguides, hèhè.

Alors, oui. Va pour l'orteil à l'eau avec les hydroguides. Mais le bon! :ok:



La suite de cette journée, vous la connaissez déjà.

Gardez désormais toujours en mémoire les liens suivants à propos des dangers potentiels des cours d'eau et les moyens d'en savoir un maximum avant de partir dans la nature: